Quel avenir pour les préparateurs ?
Publié par La Pharmacienne le Décembre 09 2009 13:32:46
La réglementation encadrant la réalisation des préparations magistrales a fait l’objet d’évolutions récentes destinées, d’une part, à promouvoir leur qualité et leur traçabilité...

Nouvelles étendues

La réglementation encadrant la réalisation des préparations magistrales a fait l’objet d’évolutions récentes destinées, d’une part, à promouvoir leur qualité et leur traçabilité, et, d’autre part, à recentrer l’activité des pharmaciens sur des préparations qui ont toute leur place dans l’arsenal thérapeutique, même si le médicament industriel occupe une place prépondérante.


« LA PRÉPARATION magistrale est justifiée et incontournable en cas d’adaptation posologique réalisée par déconditionnement de spécialités pharmaceutiques, principalement en pédiatrie ou en gériatrie, lorsqu’il n’existe pas de dosages ou de formes galéniques adaptés, à condition toutefois de répondre aux exigences imposées par les BPP, rappelle Martine Chauvé, présidente de la section officine de la FIP (Fédération internationale de la pharmacie). Mais devons-nous accepter l’idée que seules certaines officines auront demain la capacité de réaliser des préparations magistrales pour leur propre compte ou pour le compte d’autres confrèresr01;? », interroge la présidente.


Les bonnes pratiques de préparations (BPP publiées en novembre 2007) rendues opposables et communes aux pharmaciens hospitaliers et officinaux, permettent aux pharmaciens de maîtriser la qualité et la sécurité des préparations, et montrent une reconnaissance de la préparation comme un réel besoin de santé publique, ainsi que la volonté des pouvoirs publics de renforcer la sécurité sanitaire. Envisager de réaliser des préparations signifie mettre en place un système qualité irréprochable et une traçabilité sans faille : de la matière première utilisée à l’obtention du médicament, toutes les étapes doivent être définies et tracées.


Cette activité s’inscrit tout naturellement dans les missions des pharmaciens définies par la loi Hôpital, patients, santé et territoires. Il est légitime qu’un patient traité à l’hôpital n’ait pas de rupture dans son traitement, et le pharmacien de ville doit pouvoir assurer la continuité des soins. Pourtant, certaines préparations hospitalières posent problème lorsque la matière première n’est pas disponible en officine et, parfois, l’hôpital reste le précurseur de certaines formules très spécifiques déclarées auprès de l’agence du médicament. Dans ce cadre, il faut envisager une meilleure coopération entre professionnels de santé au service du patient.



Les préparateurs ont des atouts à faire valoir.

« Recadrer la préparation magistrale au cÅ“ur de notre métier amène à envisager les conditions de remboursement, la rentabilité d’investir dans le préparatoire, et la volonté de travailler en étroite collaboration avec les médecins prescripteurs », souligne Martine Chauvé. Redéfinir le périmètre de la préparation officinale consiste aussi à redonner au pharmacien l’initiative et la liberté galéniques dans le respect des BPP, et à assurer aux futurs préparateurs en pharmacie, une formation en adéquation avec la pratique officinale. En effet, le statut du préparateur date de 1946 et, à cette époque, la préparation tenait une place très importante dans la formation. Dans le référentiel de formation de 1997, elle n’occupe plus qu’une faible partie de l’enseignement dispensé aux futurs préparateurs. En revanche, les formes pharmaceutiques et le matériel ont évolué (logiciels, balances électroniques, imprimantes). « Certes, la pharmacie a énormément progressé au cours de ces dix dernières années et la formation du préparateur est totalement désuète, mais je ne suis pas inquiet sur l’avenir de sa profession, affirme Olivier Allo, adjoint pédagogique de l’Institut de formation pharmacie santé de la Côte d’Azur (IFPSCA). L’essentiel est qu’il soit un collaborateur, un bras droit performant et compétent au sein de l’entreprise. »


La formation en alternance, telle qu’elle existe aujourd’hui, est tout à fait adaptée car l’apprenant est intégré dans la vie réelle de l’officine, et le maillage des centres de formation, qui sont à la pointe des technologies pédagogiques, est suffisant pour couvrir tout le territoire. « Mais, après avoir obtenu des bases solides, le préparateur doit vouloir acquérir une ou des spécialisations et mettre à jour ses connaissances par un développement professionnel continu », souligne le formateur pédagogique.




Conférence de la FIP (Fédération internationale pharmaceutique). 5e Forum des pharmaciens, Nice 2009.

Le Quotidien du Pharmacien