Peut-être un effet protecteur des calcium bloquants vis-à-vis du Parkinson
Publié par La Pharmacienne le Juin 08 2010 07:23:08



La physiopathologie de la maladie de Parkinson (MP) est complexe. Plusieurs mécanismes ont été impliqués dans la neurodégénérescence (stress oxydant, apoptose, inflammation, dysfonctionnements mitochondriaux et du protéasome) mais actuellement il n'existe pas de médicaments qui aient démontré de manière indiscutable un effet sur l'évolution générale de la maladie.


Les neurones dopaminergiques ont des particularités biologiques intéressantes. En effet, ces neurones portent des récepteurs canaux calciques de type L qui en l’absence d’excitation synaptique peuvent générer des potentiels d’action rythmiques. Certains travaux expérimentaux ont suggéré que les calcium bloquants pouvaient avoir un effet neuroprotecteur. Pour démontrer cet effet, il serait nécessaire d'effectuer un essai thérapeutique avec une méthodologie "ad hoc" avec notamment un suivi sur une longue période.


Des auteurs danois ont préféré évaluer de manière rétrospective l'impact de la prise d'anti-hypertenseurs sur l'apparition de la MP. Ils ont utilisé une volumineuse base de données, "the Danish national hospital/outpatient database » et ont étudié l’influence de l’utilisation des calciums bloquants chez 1 931 patient pour lesquels un diagnostic de maladie de Parkinson a été posé entre 2001 et 2006 et chez 9 651 sujets contrôles appariés en âge et en sexe. Après ajustement pour l’âge, le sexe, l’existence d’une BPCO et selon le score des comorbidités de Charlson , une analyse par régression logistique a montré que les patients ayant été traités par dihydropyridines depuis 1995 jusqu'à 2 ans avant l’entrée dans l’étude avaient un risque plus faible de développer une MP (odds ratio, 0,73 ; 95 % intervalle de confiance, 0,54–0,97). Cependant, cette diminution de 27 % du risque n’a pas été observée avec l’amlodipine et les autres antihypertenseurs. Deux des 3 autres études rétrospectives publiées sur ce sujet n’avaient pas mis en évidence de rôle protecteur mais les choix de l’analyse étaient différents. Cette étude ouvre des perspectives intéressantes mais elle demande à être confirmée par une étude interventionnelle.


Dr Christian Geny, JIM

Ritz B et coll. : L-type calcium channel blockers and Parkinson disease in Denmark. Ann Neurol ., 2010; 67: 600–606