médicaments génériques, ni anges ni démon
Publié par Administrateur le Octobre 04 2012 08:55:55
Les premières journées de pharmacie du CHU de Tizi Ouzou se déroulent depuis hier au niveau de l’auditorium de l’établissement.
Nouvelles étendues
Une activité qui s’inscrit dans le cadre des cycles de formation qu’organise l’hôpital au profit du personnel médical, qui ont pour objectif de suivre l’évolution de la médecine et les progrès scientifiques réalisés dans le domaine. Plusieurs thèmes ont été abordés lors de la première journée de la rencontre, à laquelle ont pris part des praticiens venus notamment des wilayas d’Oran, Sidi Bel Abbès et Alger.

La question du médicament générique en Algérie a été longuement traitée par les communicants, à l’instar du professeur Toumi de l’EHU d’Oran qui a présenté une communication intitulée «médicaments génériques, ni anges ni démon».

L’orateur a tenté d’éclairer l’assistance sur l’acceptation ou le refus de ce type de médicaments par les patients et les médecins, mais aussi le taux de satisfaction qu’il apporte aux utilisateurs. Le professeur Toumi a relevé d’abord un certain vide juridique qui caractérise la gestion de ce créneau particulier, dans la mesure où le seul texte de loi relatif aux médicaments génériques remonte à 1998. Et malgré les efforts de la science et tous les changements qui ont caractérisé cette industrie, le législateur algérien n’a pas adapté la loi à la réalité, ce qui a créé plusieurs zones d’ombre.

Sur le terrain pourtant, relève-t-il, l’utilisation du générique s’est généralisée même au niveau des structures de santé publique et les praticiens privés, et une étude réalisée à Oran démontre que la totalité des médecins prescrivent des médicaments génériques, dont 51% de manière régulière. 75 % des personnes interrogées croient que ce type de médicaments est fabriqué par des laboratoires locaux ou sous licence. Par rapport aux raisons qui poussent les praticiens à le prescrire, ils parlent des prix qui sont à la portée de tous. Autrement dit, la satisfaction manifestée est motivée par le prix, au moment où l’efficacité et la qualité constituent un critère d’insatisfaction ou un frein. Le même intervenant a abordé la question de l’absence d’enseignement sur le générique dans les établissements de formation ou les universités. L’autre problématique liée au générique, qui est une copie de médicament princeps, tient à la substitution qui n’est également pas soumise à une législation quelconque en Algérie. Les pharmaciens ont, en effet, tendance à substituer un médicament prescrit par un médecin par un autre médicament de leur choix, sans prendre l’avis du praticien ou du patient qui a souvent tendance à accepter ce mode d’emploi.

Durant les débats, certains intervenants ont évoqué l’échec du générique comme mode traitement par rapport au médicament princeps. Ainsi, le chef de service d’hématologie de Tizi Ouzou et doyen de la faculté de Médecine a déclaré que le taux d’échec des traitements des lymphomes et de leucémies a augmenté en cours de ces dernières années à cause de l’utilisation de ce type de médicaments. Il rappelle que depuis 20 ans, les lymphomes étaient guéris dans leur majorité, alors qu’actuellement, on ne réussit par à vaincre cette maladie lorsqu’elle en est au stade1 d’évolution. Il a également relevé le manque de contrôle sur le générique, en se basant sur le cas de son service qui a reçu dernièrement une drogue de chimiothérapie moins dosée, fabriquée au Mexique, qui leur a été acheminée sans qu’elle soit passée par le contrôle au niveau local.

Le professeur Toumi a attiré l’attention sur l’importance de la dénonciation pour distinguer les médicaments efficaces de ceux qui ne le sont pas.